ÉVASION - De toutes fraîches mesures encadrent désormais le tourisme pour préserver ce joyau fragile abritant ours polaires majestueux et glaciers éternels. Ce qui le rend encore plus précieux.
Depuis le 1er janvier dernier, le gouvernement norvégien a mis en place de nouvelles directives visant à protéger le Spitzberg et son environnement unique. Ces mesures, qui régissent le tourisme d’expédition, marquent une volonté forte de préserver les paysages exceptionnels et la faune de cette île, dont son emblème vivant, j’ai nommé l’ours polaire.
Doté d’une épaisse fourrure blanche et d’une couche de graisse isolante, il est parfaitement adapté aux températures sous ces latitudes. Nageur phénoménal, il se montre capable de parcourir de longues distances grâce à ses pattes palmées, qu’il utilise comme des pagaies.
Si l’accès à la terre ferme devient difficile, il peut s’aventurer bien loin sur la glace flottante à la recherche de nourriture.
Spectacle glaciaire incomparable
Ici, nous évoluons dans l’archipel du Svalbard, cette vaste étendue située en mer du Groenland et véritable sanctuaire des glaciers. Sur les 39’000 km² qu’il recouvre, plus de 22’000 sont dominés par ces structures figées. Parmi les plus impressionnants figurent le Sveabreen, l’Esmarkbreen et le Wahlenbergbreen, géants immobiles et témoins silencieux du temps qui passe. Outre leur éclat sidérant, ces formations offrent une perspective de premier choix sur les effets du changement climatique.
Lors d’une croisière, des conférences de glaciologues et scientifiques embarqués renommés sont l’occasion d’en apprendre davantage sur l’évolution de ces massifs froids, leur impact sur l’environne-ment et leur fragilité malheureusement croissante.
Périple géologique au cœur du Woodfjord
Autre tableau, mais toujours à couper le souffle, l’arrivée dans le Woodfjord avec ses falaises rouges typiques, riches en oxyde de fer, qui contrastent avec le blanc immaculé des glaciers et l’azur des eaux. Ces montagnes colorées, datant d’il y a plusieurs centaines de millions d’années, plongent les explorateurs dans une atmosphère presque martienne, renforçant l’aspect sauvage et inaltéré de cette partie du globe. L’expérience se mue alors en une aventure géologique.
Des territoires qui suscitent une envie immédiate, celle d’en prendre le plus grand soin, elles qui semblent si fragiles, pour que les générations futures puissent à leur tour en profiter.
D'inoubliables rencontres
Dans l’immensité blanche, la vie palpite. Sur la banquise, un phoque annelé pointe le museau, sa robe marbrée se fondant dans la glace. Agile, il glisse dans l’eau gelée, où il est en mesure de rester en apnée jusqu’à 20 minutes, par conséquent insaisissable face aux prédateurs. Non loin, un morse colossal repose, ses défenses intimidantes gravant leur empreinte dans la neige. Pesant parfois plus d’une tonne, il se nourrit principalement de mollusques qu’il détecte avec ses vibrisses ultrasensibles. Sous son allure altière, il dégage une tranquillité presque méditative. Au-dessus, un fulmar boréal fend l’air. Infatigable, cet oiseau marin survole les fjords, son cri résonnant comme un écho de l’Arctique. Les amateurs d’histoire, eux, apprécieront une visite à Pyramiden, ancienne ville minière soviétique. Cette cité abandonnée avec ses infrastructures ad hoc, bâtiments en ruine et appartements dévolus aux ouvriers, témoigne de la colonisation humaine dans ce coin de pays hostile.