Alfonso Gomez: "Le taux d'absentéisme à la Ville me préoccupe"

Rédigé par
Adélita Genoud
Genève

BILAN • Lutte contre l’absentéisme, tour de vis dans le recrutement du personnel: au terme de son mandat le 1er juin, le maire de Genève a encore du pain sur la planche.

Alfonso Gomez a la main verte. A n’en pas douter. En rapatriant le Service des espaces verts (SEVE), dans son Département, l’élu vert a accéléré la végétalisation de la Ville. Et ce n’est pas fini. Il compte bien semer les canopées et micro-forêts un peu partout sur le territoire de la première commune genevoise. Mais son action n’est pas circonscrite à celle d’un super jardinier. Le grand argentier de la Ville supervise en effet les ressources humaines. Un domaine un peu moins rose. Avec une moyenne pour l’ensemble des dicastères de 8,8% en 2022 contre 7,9% en 2021, le taux d’absentéisme reste certes préoccupant. Et puis, les récentes affaires de recrutement – domiciliation lointaine, petits arrangements entre amis – vont requérir une riposte de l’ensemble de l’Exécutif. Rencontre avec celui qui est déjà en lice pour un nouveau tour de piste en 2025.

GHI: Avec les finances, le logement et le personnel, votre Département est exigeant. Changerez-vous de dicastère si vous êtes réélu? 
Alfonso Gomez: La question est prématurée. Et puis, j’ai très envie de boucler d’importants dossiers. A commencer par celui du personnel. En effet, je suis préoccupé par le taux d’absentéisme. Même si à ma connaissance, Genève ne caracole pas en tête des villes suisses, le chiffre est trop élevé. On pourrait s’attendre à ce que les bonnes conditions offertes au sein de la Ville contrecarrent cette situation. Nous analysons et nous suivons scrupuleusement cette évolution.

Comment expliquer ces défections? 
Les causes sont multifactorielles. Les collaborateurs de la Voirie, de la police municipale ou les travailleurs sociaux , pour ne citer que quelques exemples, exercent des professions éprouvantes. C’est d’ailleurs en raison de cette pénibilité que je suis ravi d’avoir fait aboutir, après des années de blocage, le dossier permettant au personnel soumis à des conditions physiquement difficiles de partir deux ans plus tôt que l’âge officiel de la retraite avec maintien du salaire. Et puis, l’absentéisme résulte aussi de facteurs psychosociaux qui nécessitent des réponses différenciées.

Soit, mais le gros appareil qu’est la Ville n’échappe pas à une certaine force d’inertie. Si les uns travaillent intensivement, les autres sont plus enclins à lever le pied? 
Le dossier sur lequel je me suis engagé va requérir des mesures propres aux différents facteurs d’absence pour permettre une meilleure réintégration au travail autant pour le bien des personnes concernées que pour celui de l’administration.

Plusieurs affaires de recrutement ont récemment ébranlé la Ville...
Nous analysons les éventuelles failles afin de renforcer les mesures de contrôle. Pour autant, je ne suis pas opposé au recrutement de collaborateurs domiciliés hors du canton mais selon les critères imposés par la Ville. Au-delà, je reste partisan de cet adage syndical: vivre et travailler au pays. N’oublions pas néanmoins que nous sommes une grande administration qui engage plus de 700 personnes par an!

Les étés caniculaires ont-ils plus sûrement que les messages de sensibilisation généré des prises de conscience en faveur de plus de verdure en ville? 
Les efforts déjà consentis vont se poursuivre. Des cours d’immeubles vont être dévolues à la végétation, la canopée va gagner du terrain. Nous avons aussi plusieurs projets très concrets en cours aux Pâquis, à la rue de Lausanne, dans le square Jean-Jaquet et sur plus de 10 sites partout dans le quartier. Nous étudions des solutions à la Jonction. Mais planter des arbres ne suffit pas, il faut retirer le bitume partout où c’est possible pour amener de la fraîcheur et créer des espaces de convivialité.

D’aucuns aimeraient réduire la taille de la Ville, dont certaines missions sont redondantes avec celles de l’Etat. Votre opinion?  
C’est paradoxal car le Canton, par souci d’économies, a voulu transférer des tâches d’exécution aux communes sans leur donner les compétences qui vont avec. Forcément, cela n’a pas marché, on l’a vu pour les projets de police de proximité et de l’animation socio-culturelle (FASE). Je ne nie pas qu’il faut clarifier les rôles de l’Etat et de la Municipalité. En attendant, il y a quelques mois, nous avons passé un accord avec le Département de la santé et des mobilités sur l’entretien des routes d’importance cantonale, parcourant le territoire communal. Et ce, alors qu’un différend nous opposait depuis des décennies. C’est la preuve que des négociations fructueuses sont possibles.

Un mot sur la fête du 1er Août, les Genevois seront-ils privés de saucisses? 
Ils ne l’ont pas été l’an dernier. Saucisses de veau et autres pièces de viande figuraient au menu. Mais il y avait aussi des produits végétaux du terroir car il faut favoriser la production régionale et de saison.

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