Climat: «Oubliez le CO2, 
l’urgence est ailleurs!»

Rédigé par
Gil Egger
Société

CLIMAT - Un physicien s’insurge contre les mesures prises pour protéger le climat. La traque au dioxyde de carbone éclipse, selon lui, d’autres priorités comme la suppression du charbon et du pétrole

La question climatique tourne en boucle, partout, tout le temps. Avec un peu trop d’insistance, pas assez de recul et si peu de science. Daniel Husson remet bien des pendules à l’heure. L’auteur de Climat, de la confusion à la manipulation* est physicien, enseignant et chercheur. Avec ses dizaines de publications scientifiques (notamment sur des expériences au CERN), il ne peut être soupçonné de défendre quelque intérêt que ce soit. Il n’a pas de voiture, roule à vélo et n’a rien d’un climato-sceptique.
Quand en 2006 le film du vice-président Al Gore est sorti (Une vérité qui dérange), ce fut l’allumage d’une explosion de discours alarmistes. L’année suivante, la justice a tranché pour démentir les assertions outrancières qu’il répandait. Qui a lu ça dans les médias? Daniel Husson se tourne vers la science, rien que la science et nous éclaire en relevant que «l’aspect scientifique est complètement éclipsé par les enjeux politiques, le clivage idéologique est tellement prononcé qu’on sera étiqueté avant d’être écouté, cessez de cogiter Monsieur, et choisissez votre camp». 
Réalités ignorées 
«Le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) assène des menaces et nous parle de tant de dégâts. Il y a peu, on nous assurait qu’il nous restait seulement dix ans, non plutôt trois, enfin dépêchons-nous. Alarmisme, mais à quoi cela sert-il?», interroge le physicien. Et dans le même temps, la réunion COP (COP28 de 2023 à Dubai, par exemple) est la première à mentionner une transition, très prudente, vers moins d’hydrocarbures. Celle de 2021 s’était engagée à diminuer le charbon… qui vient pourtant de battre son record de consommation», pointe Daniel Husson.
«Des sornettes»
Pour lui, il y a beaucoup à dire sur le plan politique. «Le CO2 est un faux ennemi, qui nous conduit à dépenser follement pour la captation, ou, plus grave, à toutes les idées prométhéennes de géo-ingénierie (NDLR: techniques visant à modifier le climat et l’environnement). Catastrophe en vue si on va par là.» Quant au dioxyde de carbone? «Contre la logique la plus élémentaire, la doxa du moment prétend qu’à cause du CO2, l’atmosphère voit sa température augmenter et que donc, mécaniquement, l’océan va suivre… Sommes-nous condamnés à écouter de pareilles sornettes? Obligés de croire que vous pouvez chauffer votre piscine avec un sèche-cheveux? Que l’on pourrait entraîner une rivière avec un bon ventilateur?» 
Les éclats médiatiques  de Greta Thunberg
«Le gaz CO2 n’est pas une couverture chauffante comme nos amis journalistes l’écrivent parfois, il n’est qu’un léger édredon percé, petit trublion qui n’a pas de réels super pouvoirs», affirme encore le chercheur. Et d’ajouter que: «L’attitude carbo-maniaque est une absurdité scientifique. Nous dénonçons l’erreur du carbone-seul-coupable tout en plaidant pour une sortie résolue de l’addiction aux hydrocarbures.» Ce n’est pas gagné: «Le fret maritime, lui, est complètement exclu des accords de Paris (COP21). Lo lobbying du transporteur CMA-CGM est plus efficace que les éclats médiatiques de la jeune Greta.» Le captage du CO2, par exemple pour créer des carburants, avec de l’eau et quantité d’énergie, est… une mode. Ces programmes de captage ne représentent qu’un millième de ce que fait la reforestation.
Fin du nucléaire
Autre lobby qui a récemment réussi son coup en France: celui du nucléaire. Mauvaise idée, selon Daniel Husson. Ingérable à long terme, terriblement coûteux, il est obsolète. Des solutions alternatives existent pourtant. «Les USA développent une turbine à fluide supercritique de très haut rendement couplée à une centrale solaire à miroirs, qui fournira les électrons les moins chers du monde dans des générateurs flexibles, à prix modéré, sans uranium hors de prix et sans déchets à gérer sur mille siècles. Pendant ce temps encore, l’ex-pétrolier danois Œrsted construit le parc éolien Hornesea qui délivrera en seulement deux ans (au lieu de douze!) l’équivalent de deux réacteurs à eau pressurisée au large des côtes britanniques.»
Les mesures urgentes
Alors, quelles sont les bonnes mesures à adopter? «Je suis pour stopper de toute urgence le charbon (aérosols de carbone solide/suies, réchauffants), ensuite le pétrole (aérosols sulfatés provenant du raffinage), pour cause encore de géopolitique désastreuse et de pétrochimie tout aussi délétère: l’agriculture hyperintensive est un VRAI problème avec ses intrants (NDLR: néonicotinoïdes agissant sur le système nerveux des insectes, soupçonnés de tuer les abeilles) et son attitude prédatrice envers les sols, les milieux naturels, les vers de terre, etc. Et puis, les composants des crèmes solaires à écran total détruisent le corail bien plus que le climat.»
Argent en jeu
Selon lui, «la vraie causalité n’est pas: la température augmente et la végétation recule, mais le sens inverse, les milieux naturels attaqués provoquent des réchauffements locaux, par exemple en région Méditerranée, amputée de ses forêts». 
Quant au GIEC, il est une «émanation politique qui ne fait que continuer sur sa lancée: informer des méfaits des hydrocarbures. Le panel est maintenant dominé par les pro-nucléaires et toute une cohorte d’entrepreneurs de la green-tech. Il y a donc des milliers de milliards en jeu, que l’on soit pro-pétrole ou pro-
GIEC.» Suivez l’argent, vous aurez des réponses aux pressions faites sur vous et qui détournent l’attention», conclut-il. 
*Paru aux éditions Artilleur

Températures fantaisistes?

 «Sur la période de 1850 à aujourd’hui, la courbe des températures moyennes mesurées a été plate de 1850 à 1920, augmentant ensuite jusqu’en 1940 pour redescendre de 1940 à 1975 (!) avant de remonter depuis.» Un «plateau» de septante ans, le refroidissement après la Seconde Guerre mondiale, «incompatibles avec des rejets continuels de “carbone”, eux-mêmes complètement décorrélés des épisodes El Niño». La science n’est pas vraiment prise en compte, puisque des «scientifiques scrupuleux ont proposé d’intégrer aux rapports du GIEC les séries climatiques longues, séculaires, celles qui montrent des hauts et des bas, celles qui sont de toute évidence complètement décorrélées du gaz carbonique. Proposition rejetée.» Et puis, le fameux El Niño, qui s’invite tous les deux à sept ans, dure neuf à douze mois, provoque des catastrophes? Il est presque toujours suivi par la Niña, épisode d’anomalie froide. On ne sait que peu de choses d’eux, mais l’OMM (Office Météorologique Mondial) «ne constate aucune augmentation, ni de la fréquence d’apparition, ni de l’amplitude du phénomène. L’enfant terrible est étrangement insensible à ce diable de CO2».

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