Les enceintes scolaires servent parfois de point de rencontres à des populations peu respectueuses des lieux. Certains élus aimeraient renforcer la sécurité de ces espaces et les rendre inaccessibles en cas de troubles. La Ville de Genève se félicite d’avoir fermé l’école des Pâquis.
Faut-il fermer les préaux et les cours des écoles genevoises le soir? Certains parents l’appellent de leurs vœux estimant que l’enceinte des institutions scolaires ne doit pas servir de point de rencontres pour une population à tout le moins peu respectueuse de la salubrité et de la quiétude des lieux. Pourtant la plupart des parties prenantes à la chose scolaire plaident pour le maintien de ces espaces ouverts, arguant qu’ils relèvent du domaine public.
«Il y a souvent des jeunes qui traînent sous les préaux couverts. Ils écoutent de la musique, fument… D’habitude ils ne sont pas méchants, mais quand ils boivent de l’alcool, c’est autre chose. Parfois, on ne peut même plus dormir tellement ils hurlent», témoigne un riverain d’une école primaire de la rive gauche. «Ils laissent des bouteilles et du verre cassés qu’on retrouve au petit matin. C’est la même chose tous les étés, des bandes s’installent et ne respectent rien», confirme un concierge d’un autre établissement. «Pourquoi ne pas fermer ces endroits pendant la nuit? Ici, ils se sentent intouchables, la police n’intervient pas parce qu’elle sait que ce sont des gamins», interroge la mère d’un écolier de 7 ans en désignant les cartons de pizzas qui jonchent le préau en ce matin d’octobre.
Nettoyage
«Je voue une grande admiration aux services en charge du nettoyage des cours de récréation. Entre les résidus de joints, les mégots de cigarettes et autres déchets, ces employés ont du pain sur la planche», lance Floriane dont l’enfant est scolarisé dans une école de la rive droite. «Evidemment que je voudrais que l’établissement soit inaccessible dès la fin des activités parascolaires», insiste la jeune femme.
Des fermetures de préaux régulièrement souhaitées ces dernières années, que ce soit par des parents, des riverains ou par des élus politiques. A l’image du groupe UDC Vernier, qui déposait en 2022 une motion (M167) pour interdire l’accès aux préaux des écoles à toute personne non autorisée entre 22h et 6h du matin. Une demande s’inscrivant dans un contexte de problèmes liés à «la sécurité et la salubrité dans les préaux des écoles verniolanes». Mais un an plus tard, la formation dénonçait un manque de volonté, à l’image de l’élu UDC Howard Nobs: «Les riverains et moi-même avions constaté des rassemblements nocturnes de personnes, parfois alcoolisés ou sous l’emprise de stupéfiants, dans les préaux des écoles. En plénière, la majorité rose-verte avait estimé que même la nuit, les préaux devaient rester «des lieux de rencontres protégés» et que les correspondants de nuit pourraient être une juste solution», regrettait-il.
Problème d’insécurité
Pierre Nicollier, président du PLR et membre de la commission de l’Enseignement, de l’éducation, de la culture et du sport au Grand conseil le dit sans ambages: «Nous devons résoudre les problèmes d'insécurité dans les préaux problématiques avec l’installation de caméras et de lumières additionnelles. Mais ce n’est pas tout, nous sommes favorables à une fermeture la nuit comme cela se fait pour les parcs. Celui de La Grange est hermétiquement clos dès 22 h. Ces trois mesures figurent d’ailleurs dans le programme du PLR Ville de Genève. Mais elles doivent s’appliquer en bonne intelligence. Les parents et les enfants doivent pouvoir profiter de ces espaces en journée durant le week-end. En outre, il faut permettre aux associations, qui utilisent les piscines et salles de sport aménagées dans certaines écoles, de poursuivre leurs activités. Genève manque encore cruellement d’infrastructures sportives.»
Le parlementaire socialiste, Romain de Sainte Marie, qui siège au sein de la même commission, ne nie pas la nécessité de rendre ces lieux sûrs. Mais le député plaide, lui, pour que les espaces scolaires restent ouverts en tout temps. «C’est un moyen de compenser l’absence d’aire de jeux . Et puis les fermer, sans autre dispositif dissuasif, encourageraient certains à forcer l’entrée».
Alternative aux parkings
Un avis partagé par les autorités cantonales, qui défendent l’approche actuelle. «La politique du Département vise à maintenir les écoles ouvertes, car ce sont des lieux de vie. Dans un contexte urbain où les espaces dédiés aux jeunes sont limités, il est important de leur offrir des endroits pour se rassembler. Les préaux, qui portent souvent une valeur symbolique pour eux, constituent une alternative positive à d’autres lieux moins adaptés, tels les parkings souterrains par exemple. Usuellement, les préaux restent ouverts la journée. En ce qui concerne la nuit, cela dépend des circonstances et de l’intention des communes», résume Constance Chaix, chargée d’information au Département de l’instruction publique (DIP).