OCTOBRE ROSE • Peu médiatisée, la physiothérapie représente pourtant un maillon essentiel dans le parcours de guérison des patientes traitées pour un cancer du sein. Avec un crédo: plus tôt on intervient pour traiter les éventuelles complications de la chirurgie, mieux c’est!
En matière de prise en charge de cancer du sein, on pense souvent au classique triptyque chirurgie-chimiothérapie-radiothérapie.
Mais dans l’arsenal thérapeutique déployé autour des patientes atteintes de cette maladie, qui chaque année concerne tout de même plus de 6200 femmes en Suisse, il y a également la physiothérapie dont on parle moins volontiers, mais qui pourtant joue un rôle tout aussi fondamental dans le chemin vers le retour à la santé.
Douleurs
Classiquement, la physiothérapie intervient une fois la chirurgie effectuée, en visant à en prendre en charge les éventuels effets secondaires. Car bien que parfaitement codifiée et maîtrisée, la chirurgie du cancer du sein peut en effet conduire à une atteinte des muscles et surtout des vaisseaux et des ganglions lymphatiques autour de la tumeur, dont une partie a souvent dû être retirée.
La douleur d’abord, qui le plus souvent survient en raison des postures adoptées par la patiente suite à l’intervention. Dans ce cas, la physiothérapie a pour objectif de permettre au bras et à l’épaule atteintes de retrouver leur mobilité grâce à des exercices de rééducation et d’amélioration posturale (massages, mouvements, assouplissements) qui aideront la patiente à retrouver progressivement son autonomie et sa qualité de vie.
Lymphœdème
Le lymphœdème ensuite. Derrière ce mot compliqué, se cache une réalité qui peut survenir après une chirurgie de cancer du sein. Pour faire simple, notre corps n’est pas uniquement constellé de vaisseaux sanguins, mais comprend également tout un circuit parallèle qui permet à un autre liquide de circuler: la lymphe.
Lorsqu’en raison de la chirurgie, des vaisseaux lymphatiques sont altérés et des ganglions sont retirés lors de ce que l’on appelle un curage axillaire, il peut arriver que la lymphe s’écoule moins bien, s’accumule et occasionne un œdème, en clair un gonflement du bras, un phénomène qui peut du reste être amplifié, voire provoqué par d’éventuelles séances de radiothérapie.
Dans ce cas, le rôle du ou de la physiothérapeute est fondamental: il commencera par procéder à des séances de drainage lymphatique manuel qui consistent en une série de manipulations spécifiques dont l’objectif est de stimuler les vaisseaux pour réduire l'œdème et prévenir les modifications tissulaires dans les zones congestionnées.
Pour parvenir à une résorption la plus grande possible de l’œdème, la prise en charge comprendra en plus la mise en place d’un bandage compressif, la reprise d’une activité physique, cruciale pour maintenir un flux lymphatique sain, ainsi qu’un soin approprié de la peau, souvent fragilisée. On appelle ce traitement complet, la physiothérapie décongestionnante complexe (PDG).
Quelques contre-indications
Enfin, même si c’est rarement le cas, il faut garder à l’esprit que la physiothérapie décongestionnante complexe peut néanmoins parfois être contre-indiquée, en général en cas de thromboses veineuses profondes, d’infections aiguës ou d’insuffisance rénale ou cardiaque non traitée. Dans tous les cas, il revient toujours au médecin traitant d’en évaluer l’opportunité et d’adresser ensuite son patient au physiothérapeute.
L’avis de l’experte: Monika Guggenbach-Bösch
Physiothérapeute spécialisée
Faut-il une qualification spécifique pour prendre en charge les patientes atteintes de cancer du sein?
Oui, car il s’agit d’une physiothérapie qui a ses propres particularités. Pour le physiothérapeute qui souhaite l’exercer, il faut donc avoir suivi une formation spécifique supplémentaire.
Quand faut-il faire appel à un-e physiothérapeute?
C’est toujours le médecin traitant qui nous adresse la patiente. Mais nous estimons utile d’avoir au moins une première consultation qui nous permet de détecter rapidement d’éventuels problèmes. Car plus la prise en charge est précoce, meilleure et plus rapide sera la résorption des douleurs ou du lymphœdème et l’amélioration des limitations de mouvements, les principales complications qui suivent une chirurgie. C’est aussi une occasion de discuter et d’informer la malade, l’éducation des patientes étant un facteur important de guérison.
Quels types de traitement proposez-vous?
Chaque patiente est unique et c’est son besoin, c’est-à-dire les problèmes particuliers qu’elle peut évoquer ou présenter, qui dictent notre prise en charge thérapeutique. Nous l’accompagnons ensuite jusqu’à la disparition des symptômes.
Combien de séances faut-il en moyenne?
Il est très difficile de répondre à cette question: cela dépend avant tout des problèmes que présente la patiente ainsi que de leur évolution. Une chose est sûre: les séances effectuées sur prescription médicale sont intégralement prises en charge par la LAMal.
Avec la collaboration du Centre de thérapies physiques et cognitives de Montchoisi. Av. de Montchoisi 27, 1006 Lausanne.
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