« Les égouts et les barrages de Genève sont très fortement sollicités par les précipitations »

Rédigé par
Marie-Claire Régis
Genève

Alors qu’en raison du réchauffement climatique, Genève subit 21% d’humidité supplémentaire et des précipitations accrues, Markus Stoffel, professeur en sciences de l’environnement à l’université de Genève revient sur les conséquences prévisibles en termes d’agriculture, de gestion des barrages et d’évacuation des eaux usées. 

Genève est-elle particulièrement touchée par le réchauffement climatique ?

Si dans le monde en 2024 la moyenne du réchauffement a été de 1,5° supplémentaire par rapport à l’ère pré industrielle de 1850, elle a été de 2,8° en Suisse. Comme il y a une corrélation entre la hausse des température et l’humidité, cela signifie que Genève subit 21 % d’humidité supplémentaire ! 

Que signifient concrètement 21% d’humidité supplémentaire ? 

21% d’humidité supplémentaire, c’est une pluviométrique qui augmente et qui doit être maîtrisée. Le climat a changé. Les intempéries, les orages et les précipitations sont plus nombreux et parfois violents. Il en résulte les crues et les tempêtes de grêle qui sont compliquées à gérer pour les agriculteurs et notamment dans les vignes avec un problème d’évacuation des eaux. 

Les agriculteurs sont-ils les seuls touchés ? 

De loin pas. A l’origine, les barrages n’ont pas été construits pour retenir l’eau des crues mais pour retenir les eaux fortes en été et pour produire de l’électricité. Ils n’ont pas été construits pour retenir l’eau des crues. Or depuis les années 2000, c’est devenu une de leurs fonctions essentielles en s’imposant comme de véritables bassins de rétention. Cela ne présente pas de danger ou de risques particulier au stade actuel. Mais les autorités modélisent le débit du Rhône avec une vision en temps réel du niveau du lac. Ils peuvent agir plusieurs jours en amont pour l’ajuster même si cela devient de plus en plus difficile, car l’ampleur des précipitations est parfois difficile à anticiper dans le temps. 

Y a-t-il d’autres conséquences prévisibles ?

Oui, car le réseau d’égouts de la ville de Genève n’a pas été conçu et calibré pour les actuelles précipitations. Cela provoque des problèmes d’évacuation dans les rues pendant les épisodes d’intempéries importants. Malheureusement il n’y a pas grand-chose à faire au vu de l’imbrication des réseaux actuels dans l’urbanisation de la ville. Les refaire entièrement impliquerait des travaux titanesques inimaginables. 

Et que peut-on faire contre les canicules de plus en plus nombreuses ? 

Les épisodes de canicules sont en effet de plus en plus longs et nombreux et cela peut devenir un véritable problème pour les habitants, notamment ceux qui ont des maladies cardio-vasculaires. Il faut augmenter la végétalisation, créer des systèmes de brumisateurs, augmenter les espaces de détente auprès du lac et adapter l’urbanisme. C’est un véritable défi de transformation pour notre ville qui, en plus, compte relativement peu de surface verte.

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