
Elus et usagers estime que la plaine de Plainpalais, l’une des plus grandes places de Suisse mérite un meilleur traitement. Ilot de chaleur durant les étés caniculaires, l’esplanade du cœur de la cité est désertée par les riverains. La Ville de Genève promet d’accélérer la plantation de nouveaux arbres à l’avenue du Mail et dans le quartier.
Avec 78'000 m² de surface, la plaine de Plainpalais est-elle traitée avec tous les égards dus à son rang? Elle se clase parmi les plus grandes places de Suisse, si ce n’est la plus grande. Les autorités de la Ville arguent que de profondes transformations sont impossibles en raison de l’installation – plusieurs fois par an – de fêtes foraines, de manifestations sportives ou encore du cirque Knie. Mais la grande majorité des personnes interrogées estiment que Genève peut mieux faire. Ce d’autant que l’esplanade recouverte de ghorr, (un granit concassé) est jugée trop minérale. Les sources de fraîcheur, engendrées par la présence d’arbres sur son pourtour uniquement, sont ainsi réduites à la portion congrue. Alors, durant les étés caniculaires, Plainpalais est une véritable fournaise.
Dr Frankenstein
Députée au Grand Conseil, la PLR Natacha Buffet-Desfayes en est persuadée: «Un revêtement plus lisse et plus clair permettrait d’en limiter l’entretien et d’avoir une surface moins chaude. La plaine n’est guère esthétique, et en dehors de quelques grands événements, elle reste un lieu de passage, difficile à s’approprier. Mais voilà, Ville et Canton ne sont guère prompts à faciliter la délivrance d’autorisations pour qui souhaiterait proposer des animations simples et éphémères.» D’ailleurs, la parlementaire pointe la statue figurant la créature monstrueuse façonnée par le Dr Frankenstein, héros du roman de Mary Shelley. «Qui la remarque, qui sait de qui il s’agit et pourquoi elle est là? Qui se souvient que la Plaine est l’un des décors du récit? La créature y commet un crime avant de s’enfuir vers le Salève (Plainpalais était une forêt au 18e siècle). Au-delà, pourquoi ne pas circonscrire un espace pour présenter plus d’œuvres d’art aux écoliers comme à la population?» Quant à l’absence d’ombre? «Je ne vois pas ce qui empêche la mise en place de pots d’arbustes et d’installations éphémères qui pourraient être placés de côté lors des grandes manifestations.»
Maintes fois monté au créneau, François Baertschi, président du MCG, ne mâche pas ses mots. «L'aménagement actuel de la plaine de Plainpalais, proposé et réalisé par des conseillers administratifs de gauche et d'extrême gauche, est un gigantesque ratage. L'utilisation d'un gravier rouge (ghorr du Beaujolais) est d'une esthétique très douteuse. De plus, le revêtement pose de grands problèmes au niveau de l'hygiène et de la santé publique, sans oublier que des entretiens nombreux et très coûteux sont obligatoires en raison de ce dispositif farfelu qui a créé un petit désert sablonneux au centre de la ville. Les buvettes et autres petites bâtisses en tôle ondulée ressemblent à un bidonville qui n'est pas digne d'une cité internationale comme Genève. Notre ville mérite beaucoup mieux.»
Des animations
La présidente des verts, Maryam Yunus Ebener rappelle que la Plaine est parsemée d’embûches limitant un réaménagement profond. «Il faut tenir compte des contraintes techniques, comme la présence d’un parking souterrain et la nécessité de disposer d’une grande place pour les événements. d’envergure. La Ville a des projets d’arborisation dans la proximité de la Plaine (lire encadré).» Soit. Mais rendre la place plus vivante, est-ce une mission inutile? «En qualité de maire d’Onex, je dois reconnaître que déployer des animations culturelles, conviviales et ludiques comme nous le faisons avec Ciné Transat et nos brocantes, sur l’espace public permet aux gens de s’extraire de chez eux, parfois même de leur solitude. Ceci a une heureuse incidence sur leur état de santé.» Si les Genevois peinent à investir le périmètre, les chiens du quartier, eux, sont nombreux à venir s’y ébattre. Il est vrai que le règlement n’oblige pas leurs propriétaires à les tenir en laisse. Anne, qui vit à quelques pas, l’assure. «Mon chien court quelques minutes pas plus car j’ai peur que cette texture orange soit toxique.» La jeune femme affirme aussi qu’elle déserte les lieux l’été. «Il fait trop chaud, je crains que mon animal suffoque. Un avis partagé en partie par Manuel Alonso Unica. Pour le président du mouvement de défense des propriétaires de chiens de Genève (MDPCG), «la place manque d’ombre et l’hiver elle n’est pas accueillante».