POLAR - Moins un jeu de piste qu’un chemin de croix, ce nouvel opus de Rian Johnson, se transforme en une parabole grinçante sur les démons de l’Amérique contemporaine. Et le cluedo vire à la confession explosive.
C’est dans une petite bourgade baignée de ferveur religieuse que l’enquête prend racine: le sermon d’un prédicateur manipulateur, un meurtre impossible, une lettre d’un jeune prêtre aux idéaux froissés… et Benoit Blanc, en ange pas tout à fait gardien, pour déterrer les secrets. Derrière ce décorum gothique, le cinéaste convoque une galerie de personnages qui incarnent chacun le pire de l’Amérique MAGA.Tout y est, dans un jeu d’équilibriste entre la forme (un polar élégamment monté, riche en fausses pistes et en vérités inavouables) et le fond (un pamphlet féroce sur une nation ivre de certitudes et rongée par ses propres mythes). Ici, le récit de l’Amérique s’écrit à coups de fake news et de sermons vociférants. Plus noir et plus dense que ses prédécesseurs, «Wake Up Dead Man» est un divertissement de haute volée, désabusé et brillant.
