
MARCHÉ DU TRAVAIL - Selon une étude menée en 2021 par l’assureur Swisslife, près d’un tiers des hommes et un quart des femmes en Suisse prolongent leur activité au-delà de l’âge légal de la retraite. La tendance est en hausse, avec une augmentation d’environ 75% par rapport au début des années 2000, représentant environ 190’000 personnes en Suisse. Eclairage avec Ueli Leuenberger, président de l’AVIVO Genève.
GHI: De plus en plus de personnes choisissent de continuer à travailler après l’âge de la retraite. Pour quelles raisons?
Ueli Leuenberger: Plusieurs facteurs entrent en jeu. Certains veulent maintenir une activité pour rester stimulés intellectuellement et socialement. D’autres ont besoin d’un complément de revenu, notamment à cause du coût élevé de la vie. Il y a aussi ceux qui aiment tout simplement leur métier et ne se voient pas tout arrêter du jour au lendemain.
Certains secteurs sont-ils plus concernés que d’autres?
Bien que le phénomène concerne en grande majorité les professions libérales et les indépendants, en réalité tous les secteurs sont concernés. Mais si un architecte, médecin ou avocat, au-delà de l’intérêt financier, va continuer à exercer parce qu’il a un job intéressant ou reconnu, d’autres le font par obligation car leur retraite ne leur suffit pas pour vivre.
Quels sont les avantages à continuer à travailler après l’âge de la retraite?
Pour ceux n’ayant pas cotisé suffisamment d’années – 44 ans pour les hommes, 43 pour les femmes – il est possible de compléter leur rente AVS, actuellement plafonnée à 2450 francs. Plus le report est long, plus la rente sera élevée, avec une augmentation pouvant atteindre environ 31% pour un report de 5 ans mais sans possibilité de dépasser les 2450 francs. Cette option permet d’améliorer un petit peu son niveau de vie à long terme, surtout pour ceux qui peuvent encore travailler.
Y a-t-il des obstacles administratifs ou fiscaux à travailler après l’âge de la retraite?
Les règles sont relativement flexibles, mais il y a quelques points à surveiller. Par exemple, les cotisations au 2e pilier changent après 65 ans et il est important de bien se renseigner sur l’impact sur la rente future. Sur le plan fiscal, un revenu supplémentaire peut avoir des conséquences sur l’imposition, mais cela dépend de chaque situation individuelle.
Ces seniors qui travaillent sont-ils finalement une manne pour notre économie?
En tant qu’association de défense des intérêts des retraités et futurs retraités, nous considérons qu’il n’est pas acceptable que des personnes épuisées par des années de travail soient contraintes de prolonger leur activité au-delà de la retraite, simplement parce que les rentes et les prestations complémentaires ne permettent pas de vivre dignement. Cette situation est regrettable et nous la dénonçons régulièrement, mais nos actions n’ont toujours pas abouti. n
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