EDUCATION • Dans cette école d'une grande commune genevoise, plusieurs enfants de 7 ans font état de nombreux cris, de coups de poing sur la table et de menaces régulières de renvoi. Une main courante a notamment été déposée.
«Ce n’est pas normal. Mon fils Thomas, qui a toujours été bon élève, a aujourd’hui peur d’aller à l’école. Il rentre à la maison avec la boule au ventre. C’est inadmissible d’en arriver là», s’emporte Chantal, une mère de famille dont le fils est scolarisé en classe de 3p dans un établissement primaire d’une grande commune genevoise. La raison de sa colère? Un comportement qu’elle estime inadéquat de la part de la personne chargée de remplacer l’enseignante de son enfant de 7 ans pendant les cours. «D’après Thomas, elle tape très fort sur la table en hurlant sur la classe. Elle casse également des objets lorsqu’elle s’énerve. Et puis, elle a fait de mon fils un bouc émissaire, en disant que lorsque quelque chose ne va pas, c’est systématique de sa faute. Même s’il a un trouble déficitaire l’attention avec hyperactivité (TDAH), ce n’est pas une raison pour le stigmatiser face à ses camarades», désespère la maman. Un avis partagé par le psychologue de Thomas, qui estime lui aussi que le cadre scolaire est en partie responsable de la détresse de l’écolier. Face à cette situation qui empire, Chantal a été jusqu’à déposer une main courante auprès de la police à l’encontre de la remplaçante. «Au poste, on m’a même encouragée à porter plainte face à la gravité des faits. Notamment parce que cette remplaçante à tout de même tapé sur la tête de mon fils avec un cahier.»
Courrier à la direction
Malgré tout, pour ne pas envenimer les choses et ne pas encombrer la justice, la mère de famille a fait le choix de privilégier le dialogue. Chantal a ainsi écrit à la direction de l’établissement pour demander à être entendue. Elle n’est pas la seule. D’autres parents, dont les enfants ont eux aussi été gênés par les excès de la remplaçante, en place durant plusieurs mois, se sont adressés à la direction. «Malgré des rencontres avec le Directeur, il a malheureusement fallu attendre plusieurs mois pour que des mesures soient prises et que mon fils soit mis à l'abri des agissements de cette remplaçante», regrette Chantal.
Aujourd’hui, les grandes vacances sont venues apaiser les choses, mais aussi Thomas, qui peut souffler un peu loin des bancs de l’école. Pourtant, sa mère reste inquiète pour la suite de la scolarité de son fils, notamment face à la lourdeur de l'institution. «Ce que j’attends, c’est que cette enseignante soit cadrée. Mais aussi que les parents d’élèves soient mieux écoutés lorsqu’il y a des problèmes comme ça.»
Sanctions
Contacté, le Département de l’instruction publique (DIP) refuse de commenter les cas particuliers. Il rappelle toutefois qu’il ne reste pas les bras croisés lorsqu’un enseignant où un remplaçant a des comportements inadéquats au sens de la Loi sur l’instruction publique (LIP), qui encadre l’action et la posture attendue de la part des enseignants. «Le DIP prend des mesures et applique des sanctions ou se sépare avec effet immédiat du remplaçant. Dans ce cas, nous entendons la personne incriminée. A noter que s’agissant d’un remplacement, le DIP retire également l’autorisation d’exercer qu’il a délivrée» informe Lauranne Peman-Bartolini, Secrétaire générale adjointe chargée de la communication.
Mais ce n’est pas tout. Le DIP considère également que lors de situations difficiles, le remplaçant doit pouvoir consulter un collègue enseignant ou le maître adjoint de l’établissement. «Il en va de sa posture professionnelle», résume Lauranne Peman-Bartolini.
Visites en classe
Le DIP rappelle enfin que les remplaçants, majoritairement des personnes en formation se destinant au métier d’enseignant, reçoivent au moment de leur entrée en fonction un guide contenant de nombreuses informations sur leur mandat. «De plus les directions d’établissement font des visites en classe et évaluent leur travail. Au primaire, des coordinatrices ou coordinateurs pédagogiques sont à disposition du personnel remplaçant pour apporter le soutien nécessaire au bon déroulement de leur activité», complète la secrétaire générale.