
COUAC • Le Département de la sécurité et des sports ne ramasse pas les vélos encombrants à temps. Résultat: des carcasses encombrent l’espace public et dérangent les autres usagers pendant de nombreux mois.
«Vélo considéré comme épave, mis en fourrière ou détruit sous 15 jours.» Voilà le message trompeur posé sur plusieurs carcasses de petites reines qui encombrent l’avenue du Mail depuis de nombreux mois. Un avertissement sur ruban rose pourtant officiel, floqué des logos de la Ville de Genève et de la police municipale, daté du 5 février 2025, il y a près de trois mois. De quoi réjouir les autres usagers du lieu, vélos, scooters et motos, contraints de tourner dans tout le quartier pour trouver une place. Mais aussi les riverains, fatigués de vivre au-dessus de ce qui ressemble de plus en plus à une décharge à ciel ouvert. «Les cadres de ces vélos sont gondolés, il manque souvent une roue et même parfois la selle. Sous ma fenêtre, il y a un cadre qui est abandonné ici depuis presque un an sans avoir bougé, mais on voit bien qu’il ne
roulera plus jamais!», s’étonne une habitante.
Douche froide
Et pourtant, après les espoirs, c’est la douche froide. Fin avril, aucune des épaves n’a été enlevée, malgré les promesses – écrites – de la Ville. «Ils ne respectent pas leurs propres engagements. C’est lamentable», déplore un voisin.
Pourquoi cet important retard? Comment s’organisent ces ramassages? N’est-ce pas problématique de laisser des messages trompeurs sur ces vélos? Les questions semblent déranger le Département dirigé par Marie Barbey-Chappuis, fraîchement réélue à son poste. Après de très nombreuses relances, nous finissons tout de même par obtenir une réponse laconique: «Le DSSP (direction du Département de la sécurité et des sports) n’a aucune information relative au cas particulier évoqué. Les vélos sont en règle générale enlevés sous 15 jours», répond simplement le Département, sans aucune explication concernant le retard constaté. Il rappelle encore que cette prestation est pilotée par la police municipale en collaboration avec le service logistique et manifestations. «Chaque mois des ramassages de vélos sont effectués dans les différents quartiers de la Ville», assure un collaborateur personnel de la magistrate.
Opérations de ramassage?
De son côté, le site internet de la Ville de Genève, mis à jour le 30 septembre 2024, indique clairement qu’une fois par mois, le Service logistique et manifestation (LOM) est appelé pour des opérations de ramassage de ces vélos. «Le LOM achemine ensuite les épaves à l’association Péclôt 13, dont la responsabilité et de les revaloriser. Lorsque cela est impossible, Péclôt 13 est responsable de la déconstruction», précisent les autorités.
Toujours sur le site internet de la Ville, les autorités rappellent d’ailleurs l’importance d’être réactif face à ce fléau qui encombre de nombreuses agglomérations européennes. Trois raisons sont invoquées: «Rendre la ville plus propre, sécuriser l’espace public car certaines épaves ont des pièces qui sont rouillées et tranchantes, libérer l’espace pour les cyclistes actifs».
Pour en savoir plus, nous appelons tout de même le numéro de téléphone figurant sur les rubans. A l’autre bout du fil, on nous explique qu’en réalité, les ramassages ne se font que deux fois par an. Mais on nous invite tout de même à contacter le poste de police municipale de la Jonction, chargé du secteur de Plainpalais. Ici, on sent clairement que nos questions dérangent, et que le ramassage d’épaves de vélo n’est pas une priorité. «Nous ne pouvons pas vous dire pourquoi ce retard, ni quand ces ramassages seront effectués», répond une personne, visiblement peu concernée par cette problématique. Affaire à suivre.