
INCIVILITÉS • Des déflagrations nocturnes réveillent régulièrement les habitants. Les autorités minimisent.
«Que se passe-t-il à proximité du Lignon depuis 1h30? Tirs de mortiers ou autres et il est déjà 2h20 du matin…». «Plusieurs fois, ces derniers temps, on entend des tirs ou des fusées de feux d’artifice à des heures avancées.» «Oui, c’est super énervant, surtout pour ma chienne qui n’a cessé de pleurer et d’avoir peur. J’en ai vraiment marre de ces pétards!» «Que font ceux qui sont censés être là pour protéger les quartiers?» «Nous subissons le même problème aux Avanchets. Que font les correspondants de nuit?» Publiés sur un groupe Facebook dédié au quartier verniolan du Lignon le 12janvier en pleine nuit, ces messages sont sans appel. Régulièrement, les habitants sont réveillés par des détonations, sans doute des feux d’artifice puissants, cela dure parfois pendant de longues heures, en pleine nuit.
Agir
De quoi entacher leur confiance envers les autorités, directement ciblées par certains commentaires. «Le Lignon en dérive (...) Aux autorités actuelles d’agir au lieu d’attendre les élections pour faire un tour», écrit un internaute. «Ça devient invivable, surtout avec des enfants (…). J’ai appelé plusieurs fois la police mais rien ne change. Ils mettent trop de temps à venir», écrit une riveraine.
Des pétards qui irritent également certains élus, à l’image du MCG Thierry Cerutti, très actif sur la problématique sécuritaire à Vernier. Confronté à ce type d’explosion dans le quartier des Avanchets, il confie avoir déjà cherché, sans succès, la source de ces nuisances. «J’ai parcouru tout le quartier. Pendant mes recherches, de nombreux habitants m’ont raconté qu’il s’agit de jeunes qui font sauter des engins, parfois pendant toute la nuit. Malheureusement, on a l’impression qu’ils sont dans l’impunité la plus totale», témoigne l’ancien maire de Vernier. Pour lui, il s’agit de serrer la vis pour mettre un terme à ces agissements. «La population attend des mesures fortes, un tour de vis. Aujourd’hui, on a le sentiment d’être face à des bisounours, qui ne se rendent pas compte de la gravité de la situation», estime-t-il.
«Evénements plutôt rares»
Contactée, la Mairie de Vernier confirme être au courant du problème. Mais d’après elle, il s’agirait d’événements plutôt rares. «La police municipale reçoit ponctuellement des signalements de type feux d’artifice ou pétards (…). Ces événements isolés se produisent principalement lors des Fêtes de fin d'année, à Halloween ou durant l'été. Bien que peu fréquents, ils engendrent des nuisances sonores et peuvent être également source d'inquiétude auprès des riverains, ce que nous comprenons», précise Valérie Walther-Palli, du Service de la culture et de la communication verniolan.
Malgré les témoignages qui se multiplient, la police n’aurait ainsi constaté aucune augmentation de ces signalements ces derniers mois. Soit. Mais pourquoi ne pas prendre des mesures fortes pour endiguer le phénomène avant qu’il ne risque de dégénérer? «L’ensemble du territoire cantonal est concerné: les services municipaux et cantonaux travaillent en coordination pour trouver des solutions», assure la Mairie.
En attendant, les autorités locales comptent sur la population. «Afin que la police municipale puisse intervenir rapidement pour limiter ces nuisances, la population est encouragée à signaler par téléphone ces événements lorsqu’ils se produisent. Les équipes des Correspondants de Nuit peuvent également être contactées.»
Mortier
Du côté de la police cantonale la problématique est elle aussi suivie de près. Si elles ne sont pas au courant pour les explosions du 12 janvier, les forces de l’ordre ont déjà été averties à deux reprises, depuis le début de l’année, d’événements ayant trait à l’utilisation d’engins pyrotechniques dans la commune, tous les deux le premier jour de l’an. «Nous pouvons supposer, sans certitude aucune, qu’il pourrait s’agir de mortier. Lors de la nuit d’Halloween, par exemple, la police avait été la cible de plusieurs jets de ce type d’engins pyrotechniques», ajoute Tiffany Cudré-Mauroux, chargée de communication et porte-parole pour la police.
Mais que risquent les responsables, s’ils venaient à être identifiés? «Les auteurs risquent d'être déclarés en contravention selon la Loi fédérale sur les explosifs (LExpl). De plus, il faut rappeler qu'il est interdit d'importer des engins pyrotechniques non autorisés. Ceci est aussi punissable par ladite loi, et dans ce cas les auteurs encourent une condamnation pénale», répond la porte-parole.
Les voilà prévenus.