Chiens: les incivilités se multiplient!

Rédigé par
Tadeusz Roth
Genève

INCIVILITÉS • Plusieurs propriétaires canins dénoncent des mauvais comportements. D’après eux, un tour de vis est attendu par le plus grand nombre. 

«Des morsures de chiens non déclarées, des chiens pas en ordre, souvent pas attachés, ou n’ayant pas passé les tests. Des selles partout. (…) Aujourd’hui, beaucoup de personnes s’en fichent, aucun respect!». Depuis quelque temps, les témoignages de la sorte se multiplient au bout du lac: il suffit de discuter avec un propriétaire pour s’apercevoir qu’il y a un problème. A l’image de Jean-Pierre, papa d’un berger australien, récemment mordu à la main par un autre chien, blessure qui a nécessité des points de suture. Pourtant, le drame survenu à Genève en 2021, dans lequel un spitz nain avait été tué par un molosse interdit dans le canton est encore bien présent dans les mémoires.
Alors, que se passe-t-il? Contactées, les autorités municipales confirment que le nombre d’infractions constatées par la police municipale est en hausse. Dans le détail, en 2024, pas moins de 402 contraventions ont été infligées aux propriétaires de chiens. Un chiffre qui inclut principalement les infractions liées aux chiens non tenus en laisse (159 contraventions) et aux déjections canines non nettoyées (10 contraventions), selon le Département de la sécurité et des sports. 
Une réalité qui serait toutefois à pondérer par le nombre de chiens, lui aussi en hausse. De quoi pousser la Ville à agir. «En plus de leurs missions répressives, les agents effectuent des opérations de sensibilisation auprès des propriétaires de chiens, pour leur rappeler leurs obligations», détaille Cédric Waelti pour le Département municipal de la sécurité et des sports. Qui se veut malgré tout rassurant: «La majorité des propriétaires de chiens se comporte de manière responsable. Nous luttons donc contre les agissements d’une minorité.» 
Statistiques
Pourtant, il est étonnant que les statistiques des morsures ne soient pas directement surveillées par la police municipale, d’autant que celles-ci leur sont régulièrement signalées. «Quand c’est le cas, les agents établissent les formulaires nécessaires et suivent la procédure ad hoc. Toutefois, il faut relever que la majorité de ces annonces sont effectuées auprès de médecins ou de vétérinaires, s’agissant des morsures sur des congénères, raison pour laquelle le détenteur de ces statistiques reste le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV)», se justifient les autorités. 
D’autant que c’est bien la police municipale qui – sur le terrain – sanctionne. Pour cela, elle se base sur de nombreux textes, comme la loi cantonale sur les chiens et son règlement d’application, le règlement d’application de la loi fédérale sur les épizooties, la loi fédérale sur la protection des animaux ou encore la loi sur les agents de police municipale, les contrôleurs municipaux du stationnement et les gardes auxiliaires des communes. 
Davantage de mesures
Du côté du Mouvement de défense des propriétaires de chiens de Genève (MDPCG), on suit également la problématique de près. Pour son président, Manuel Alonso Unica, cela commence par les crottes non ramassées, surtout en hiver, qui en plus de déranger les passants, donnent une mauvaise image des maîtres. Sa solution? Renforcer la prévention et les contrôles de ceux qui ne se plient pas aux règles de base.   
Plus largement, l’association, milite en faveur de davantage de mesures de la part des autorités. «Les cas de chiens illégaux ou de propriétaires non respectueux se multiplient. Il m’arrive de croiser des chiens – par exemple – qui ne portent aucun médaillon. Plus de présence d’agents municipaux ne ferait pas de mal», avance le président. 
Enfin, Manuel Alonso Unica en appelle également au vétérinaire cantonal, autorité agissant en faveur de la santé des consommateurs et des animaux. «Malheureusement, le dialogue n’est pas toujours facile, chacun restant dans sa posture. Nous pensons qu’il faut davantage écouter les propriétaires de chiens et leur solution, sachant que l’écrasante majorité se comporte très bien. Aujourd’hui, on a un peu l’impression d’être laissé sur le côté.»

558 morsures déclarées l'année dernière

Quatre questions au Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV, chapeauté par le Département de la santé et des mobilités).

Avez-vous observé une recrudescence des problèmes liés aux chiens? 
Cédric Alber, directeur de la communication: Le SCAV n'étant pas l'autorité de contrôle des chiens dans l'espace public (ce rôle est dévolu à la police cantonale ainsi qu'aux polices municipales), il ne nous est pas possible de répondre à cette question de manière globale.  Si l'on parle uniquement des morsures, 558 ont été déclarées au service l'année dernière. Leur nombre était de 493 en 2023 et de 500 en 2022. Il s'agit toutefois de chiffres absolus, qui doivent être mis en regard de l'augmentation constante du nombre de chiens dans le canton, mais également d’une meilleure prise en compte de l’obligation d’annoncer les morsures. 
Le SCAV mène régulièrement des campagnes d'information auprès des propriétaires afin de leur rappeler les bonnes pratiques et les obligations liées à leur animal. Une nouvelle action sera menée cette année par l’intermédiaire des vétérinaires.  


Vos services effectuent-ils des contrôles dans les parcs genevois?  
Non. Comme indiqué plus haut, le SCAV n'est pas l'autorité de contrôle des chiens dans l'espace public.

Si on constate des abus de la part d’un propriétaire, peut-on les signaler? Si oui, comment procéder?  
Il s'agit en premier lieu de contacter la police. Les accidents causés par un chien qui a gravement blessé un être humain ou un animal doivent être annoncés au SCAV, de préférence par un constat du médecin ou vétérinaire qui a soigné la blessure.  

D’après nos informations, certaines personnes ne déclarent pas leur chien à Genève, pour ne pas se plier aux obligations. Que risquent-t-elles?  
Il faut d'aborder mentionner que la découverte d’un chien non identifié ou non enregistré à Genève représente un risque sanitaire vu son origine incertaine. Le cas échéant, des mesures limitatives telles qu'une mise en quarantaine peuvent être prononcées sur l’animal afin de rétablir la situation. Le montant de la poursuite pénale découlant de ces infractions peut se chiffrer à plusieurs milliers de francs pour le détenteur. 

En savoir plus