
Des jouets dangereux, des contrefaçons, des données utilisées à notre insu… Oui, les plateformes posent des problèmes bien réels. Mais faut-il pour autant bétonner nos lois à coups de centaines de pages ? Certains le pensent. Sauf qu’à trop vouloir encadrer, on risque surtout de faire fuir ces acteurs du marché suisse. Ne vaudrait-il pas mieux renforcer légèrement notre réglementation et, surtout, la faire appliquer et respecter ?
Vous avez peut-être commandé un jouet pour enfant sur une plateforme en ligne. Moins de 5 francs, livré en trois jours. Une bonne affaire ? Pas forcément. Des tests récents menés en Suisse ont révélé que près d’un tiers des jouets achetés via certaines plateformes étrangères ne respectaient pas nos normes de sécurité. Certains contenaient même des substances toxiques interdites. Ce constat est préoccupant, surtout lorsqu’il s’agit d’objets destinés aux enfants.
Et ce n’est qu’un exemple. Les plateformes ne sont pas un phénomène uniforme : Airbnb, Temu, Meta ou encore X représentent des modèles très différents qui transforment notre quotidien, nos habitudes de consommation et même notre manière de nous informer. Elles nous connectent, simplifient notre vie et ouvrent les marchés. Mais elles posent aussi des défis concrets, notamment en matière de sécurité des produits, de protection des données ou de respect de la concurrence.
La tentation de la surréglementation
Face à ces défis, certains regardent du côté de l’Union européenne, qui mise sur des textes réglementaires très détaillés, comme le Digital Services Act – un document de près de 300 pages. Ce type d’approche vise à tout encadrer par la loi, mais il en découle une complexité lourde à gérer pour les entreprises et une déconnexion avec la réalité car la technologie évolue bien plus rapidement que la loi. Pour un pays comme la Suisse, dont la force réside dans l’agilité et l’innovation, cette voie n’est pas la meilleure.
Notre cadre juridique est déjà solide. Il est également technologiquement neutre c’est-à-dire qu’il a été conçu pour s’appliquer à différents types de technologies, même lorsqu’elles évoluent rapidement. Pas besoin d’une nouvelle loi à chaque innovation – encore faut-il que les règles existantes soient réellement appliquées. Ainsi, le vrai enjeu n’est pas de créer de nouvelles règles à chaque nouvelle innovation, mais de faire en sorte que celles qui existent soient effectivement applicables.
La voie suisse : des solutions ciblées, efficaces
Ce que souhaite l’économie, ce n’est bien entendu pas le « far west » numérique, mais une régulation intelligente : faire respecter le droit existant, et ne l’adapter que là où c’est vraiment nécessaire.