
La semaine dernière, notre éditeur Jean-Marie Fleury invitait les lectrices et les lecteurs à se prononcer sur l’opportunité de boycotter les produits en provenance des Etats-Unis afin de réagir aux décisions économiques adoptées par le président américain, Donald Trump. Les messages adressés à la rédaction appellent tous – presque sans exception – à suivre le mot d’ordre lancé par GHI.
Gmgmsi: «Il fallait s'y attendre, nous sommes un petit pays et les grands s'attaquent toujours aux petits. La preuve, les droits de douane pour la Suisse sont fixés à 31%, le Liechtenstein: 37% et le Cambodge 49%! Ceci écrit, il est évident que Trump et son administration pensent que comme Hyundai, la Suisse va courber le dos. Mais les hauts gradés de notre armée, avant même de savoir de combien s’élèveraient les taxes douanières, vu la situation géopolitique, ont demandé de résilier le contrat d'achat des F35. Il est évident que nous ne pouvons pas investir 6 milliards et supporter le risque qu'en cas de conflit en Europe, Trump et Musk voulant que les USA quittent l'OTAN et l'ONU, nos avions soient cloués au sol et empêchés ainsi de protéger notre territoire et surtout notre population. Ça pourrait même faire réagir l’Italie de Georgia Meloni! Il faut donc commander des Rafales et boycotter les produits boycottables! Il se pourrait qu’une pétition populaire soit lancée pour interdire cet achat maintenant imbécile! Concernant l'horlogerie et les produits de luxe, si on a les moyens de s'acheter une montre à 150'000 francs, on a les moyens de la payer 190’000 n’est-ce pas?»
K: «Je suis prêt à boycotter et à acheter des produits locaux ou en provenance de pays qui respectent l’humanité. Merci pour cette initiative.»
Gérard: «Parfaitement d’accord avec le coup de gueule de Jean-Marie Fleury. J’ai personnellement déjà pris la décision de ne plus me rendre aux États-Unis et je boycotte tout ce que je peux. Les petites gouttes d’eau se transformeront en rivière, c’est certain.»
Monique: «Tout à fait d’accord de boycotter. On peut trouver des alternatives à tous nos désirs sans avoir recours aux achats MAGA (Make America Great Again, slogan des partisans de Donald Trump à la gloire du retour à la grandeur américaine). C’est un défi qui portera certainement ses fruits.»
Nicolas: «Je suis entièrement en faveur du boycott tant que le harceleur en chef mettra des sanctions sur les entreprises suisses et alliées.»
William: «Il fut un temps où j’étais américain…mais j’ai grandi. Boycotter me semble une excellente façon de contrer l’agressivité économique exagérée de ce pays, et simultanément une très bonne manière pour prendre conscience de nos habitudes de consommateur. A titre d’exemple, en éliminant le fameux soda, on éliminera un poison terrible – non seulement pour le corps humain mais aussi pour la planète Terre. Sur le plan agroalimentaire, il est facile de comprendre que l’impact des denrées de fastfood sur l’environnement (déforestation,etc.) est aussi massivement destructeur. Pour ce qui est de tendances vestimentaires imposées par les entreprises américaines, quand est-ce qu’on va se lasser de jouer les hommes-sandwichs qui paient pour faire leur pub? Ici en Suisse nous avons toutes les possibilités de créer un véritable terrain de solutions où règne une créativité renouvelée et joyeuse. J’en suis sûr.»
Leo: «En premier, il faut annuler notre contrat pour l’achat des F-35. Même si cela représente une perte d’environ 800'000 francs, ces avions ne sont pas conçus pour un pays comme la Suisse. Il faut également trouver le moyen de taxer plus fortement les GAFAM (Google, Apple Facebook, Amazon et Microsoft). Ils ont sponsorisé à grands renforts de millions la campagne de Trump. Enfin, il est nécessaire de rapatrier l’argent du Fonds de compensation de l’AVS avant qu’il n’ait totalement disparu.»
Thomas: «Il n'y a pas si longtemps, lorsqu'un intrépide outrecuidant osait critiquer les politiques des Etats-Unis, il se faisait sèchement mettre en place et il lui fut reproché de faire de l'anti américanisme primaire. J'en ai fait l'expérience. Tous ces esprits éclairés se sont convaincus contre vents et marées que les USA n'étaient non seulement nos amis, mais bien des amis bienveillants. Aujourd'hui, le réveil est brutal et l'atterrissage dans le monde des réalités pour le moins douloureux. Jusqu'au mercredi 2 avril, les administrations successives des Etats-Unis nous ont bercés dans l'illusion que nous étions encore des pays qui avaient leur poids au sein de la communauté des nations. En particulier la France s'est plu à se prendre pour ce qu'elle n'était plus depuis belle lurette.
L'Union européenne, s'est rêvé un destin planétaire, un acteur de premier plan, quand bien même elle n'est rien d'autre qu'une organisation administrative. L'ubris de Madame von der Leyen a encouragé les pays membres à s'engager dans ce cul-de-sac. Elle est comme le flûtiste de Hamelin. Alors qu'aujourd'hui les masques sont tombés, c'est le dernier moment pour agir. Oui ,boycottons les produits de ce pays qui est un ennemi économique (sic...).»
John: «Oui Le BOY-CUTTER est un joueur (aussi de golf, activité qui prend minimum 10% de son temps de président). C’est certainement entre les 18 trous qu’il pense et trouve de nouvelles idées pour détrousser le monde. Je dirais TAXE-QUE-CA à faire Donald! Va-t-il encore TRUMPER longtemps la planète? En fait, il a-Vance comme layon, ensemble ils Nike tout le monde, Apple par Elan sur X pour quelques dollars de plus! Le business avec l’oncle SAM-SUFFIT, dans la mesure du possible j’achète A MA ZONE la plus proche chez les commerçants locaux. Oui, il y a bien des solutions dans notre petite SUISSE, en EU même ASIE pour aider nos entreprises, travailler et acheter nos besoins ici. En ce qui me concerne, j’ai une meilleure relation avec un commerçant qu’avec un carton que presque tout le monde retourne à l’expéditeur ou jette n’importe où. Profitons de ce tsunami pour renouer et partager un moment de vie localement.»
Newhelder: «Le mot boycott a une résonance particulière, comme le rappelle si bien votre chronique. Il évoque la punition, l’exclusion, une forme de vengeance collective. Et je comprends l’élan: face aux décisions aberrantes du «schtroumpf président» et de son administration, l’envie de réagir est légitime. Mais je ne crois pas que le boycott soit la solution, ni pour la Suisse, ni pour Genève, ni pour le monde. Voici pourquoi.
D’abord, le boycott est une arme à double tranchant. En refusant les produits américains, des burgers aux Tesla en passant par nos précieux smartphones –, on ne touche pas seulement les dirigeants qu’on désapprouve. On pénalise aussi des milliers de travailleurs, des ingénieurs, des petits entrepreneurs, qui n’ont ni voté pour ces politiques ni le pouvoir de les changer. Elon Musk, par exemple, voit ses actions Tesla chuter sous la pression mondiale. Mais est-ce vraiment lui qu’on punit, ou les employés de ses usines, les fournisseurs, les familles qui dépendent de cette économie? Le boycott frappe large, mais rarement juste. Ensuite, soyons réalistes: notre impact, depuis notre «petit coin de pays», est limité. Vous parlez d’une goutte d’eau dans l’Atlantique, et c’est exactement ça. Même si Genève et la Suisse entière se privaient de Coca ou de jeans Levi’s, les Etats-Unis ne plieraient pas sous cette pression symbolique. Les rivières et fleuves que vous espérez voir naître risquent de rester des ruisseaux, noyés dans la complexité d’une économie mondiale où l’Amérique reste un géant. Alors pourquoi s’infliger cette frustration pour un résultat aussi incertain? Et puis, il y a une question de cohérence. On aime critiquer les États-Unis, mais combien d’entre nous sont prêts à lâcher leur iPhone, Netflix ou même Google au quotidien? Le boycott total est une illusion: on finit toujours par faire des exceptions, parce que ces produits, souvent, n’ont pas d’équivalent parfait ailleurs. Oui, nos marchés locaux offrent des alternatives, et je suis le premier à encourager à les soutenir. Mais pourquoi le faire par rejet de l’autre, rather than par amour du nôtre? Acheter suisse, c’est une démarche positive, pas une croisade anti-américaine. Enfin, je crois qu’on a mieux à offrir, nous Suisses. Notre voix compte, pas parce qu’on boycotte, mais parce qu’on dialogue, qu’on innove, qu’on propose des solutions. Plutôt que de punir, influençons. Plutôt que de diviser, construisons. Si on veut changer ce «nouveau monde qu’ils nous imposent», comme vous l’écrivez, ce n’est pas en fermant nos portes qu’on y arrivera, mais en montrant l’exemple. Si, au lieu de boycotter, on choisissait de soutenir ce qu’on aime, ici et ailleurs?»