
GHI: Pourquoi avoir lancé tous ces travaux simultanément?
Pierre Maudet: C’est justement ce qui ne doit plus se reproduire. Le processus actuel d’autorisation est trop flou, trop dilué. Nous allons donner à l’Office cantonal des transports (OCT) un droit de véto temporaire pour différer un chantier si son impact sur la mobilité est trop fort. C’est en cours, avec une nouvelle cellule de coordination resserrée. Dès aujourd’hui, plus aucun nouveau chantier d’envergure ne pourra être lancé sans que nous en validions l’impact sur la mobilité des Genevois.
Que dites-vous aux automobilistes, dont certains se disent désespérés?
Je dis aux Genevois et aux Genevoises que nous sommes à leurs côtés, que nous ne nions rien de leur colère, de leur exaspération. Je rappelle aussi que nous agissons: nous avons réorganisé les feux, dépêché des agents de régulation, modifié certains sens de circulation. La situation s’améliore, mais la fluidité n’est pas encore au rendez-vous.
Envisagez-vous des améliorations prochainement?
Oui, et des mesures fortes sont en cours d’évaluation. Il est essentiel d’agir sur les flux de voitures qui traversent chaque jour la frontière, le plus souvent avec une seule personne à bord. Je veux également étendre les parkings relais pour encourager, et si nécessaire, contraindre celles et ceux qui le peuvent de laisser leur véhicule hors du centre. Les transports d’urgence et professionnels doivent être privilégiés, ainsi que les transports publics, avec des voies dédiées.
Les agents déployés ont-ils amélioré la situation?
Ils ont joué un rôle essentiel. Mais, un agent de régulation, même parfaitement formé et avec des années d’expérience, n’a pas la même capacité d’optimisation qu’un feu tricolore bien paramétré. Leur présence a permis de contenir certaines tensions, d’assurer la sécurité, notamment pour les piétons. Mais ils ne peuvent à eux seuls fluidifier une série de carrefours saturés. Et je veux ici rappeler leur mérite: ce sont des agents engagés, exposés, parfois pris à partie alors qu’ils contribuent à la sécurité de tous les usagers de la route.
Quelles mesures additionnelles ont été prises?
Dès que les premières congestions de trafic ont été identifiées, l’OCT a immédiatement déployé des agents de régulation du trafic aux carrefours menant au centre-ville, en particulier, comme évoqué plus haut, sur la place Lise Girardin, centre névralgique de la rive droite, afin de fluidifier la circulation en amont du chantier et garantir la sécurité des déplacements de la population et des services de secours. Des mesures additionnelles ont été prises en réorganisant les voies de circulation. Finalement, les feux de circulation ont été rétablis le 22 mai et ajustés le 23 mai, ce qui a permis de retrouver une meilleure régulation sur plusieurs axes.
Que répondez-vous aux commerçants, dont certains demandent une amélioration de la situation?
Comme je l’ai dit, le transport professionnel doit être priorisé. C’est pourquoi nous mettons en place des macarons pour les professionnels, des mesures de stationnement temporaire adaptées, et que tout sera fait pour que les travaux se déroulent plus rapidement. Au-delà d’être un élément essentiel pour notre économie, le commerce de proximité participe aussi à consolider le lien social dans une ville où de nombreuses personnes souffrent d’isolement, c’est pourquoi, il doit être préservé. Et toute action permettant de limiter les pertes d’accessibilité sera étudiée et mise en œuvre.
Même les TPG se retrouvent régulièrement touchés. Est-ce une préoccupation?
Evidemment. Le fait que les bus et trams soient eux-mêmes ralentis est une double peine pour Genève: cela pénalise les usagers et freine notre capacité à offrir une alternative pour désengorger le centre-ville. C’est pourquoi je veux augmenter leur vitesse commerciale en créant plus de voies réservées, en adaptant les horaires, et en développant des lignes à haut niveau de service. Les transports publics ne doivent pas subir les chantiers, ils doivent faire partie de la solution.