«Le transgenrisme est une idéologie sectaire»

Rédigé par
Laurent Grabet
Société

LIVRE • «Transmania, enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre» cartonne depuis sa sortie en librairie. Entretien avec son auteure Marguerite Stern, ex-icône féministe française de 33 ans aujourd’hui controversée.

Lausanne Cités: Pourquoi avoir voulu «déconstruire le transgenrisme»?
Marguerite Stern: Fin 2019, mon mouvement de «Collages contre les féminicides» a été instrumentalisé par des femmes qui se sont mises à placarder des slogans du genre «une femme trans est une femme». Le transgenrisme voulaient s’imposer comme un sujet central du féminisme. C’était une aberration pour moi qui refuse qu’un homme lui explique ce qu’est une femme, qui refuse que les hommes colonisent les espaces des femmes, qui refuse des termes orwelliens tels que «cis».

Le retour de bâton a été violent. Vous vous y attendiez?
Pas à ce point. J’ai été insultée, menacée et même frappée lors d’une manif féministe! Mes perspectives professionnelles ont été ravagées. Une certaine presse a commencé à me traiter de «transphobe». Jusqu’à l’assemblée nationale, on m’a collé cette étiquette!

Plus de 30’000 exemplaires ont été vendus mais très peu de grands médias parlent du livre. Comment l’expliquer?
Le lobby LGBT s’est mis en branle avec son efficacité coutumière. Les mêmes journaux qui m’avaient consacré des portraits élogieux ont commencé à me soupçonner de transphobie. En libraire, «Transmania» s’est retrouvé planqué en rayon plutôt qu’exposé en vue pour éviter les problèmes avec les activistes.

Selon vous, le «transgenrisme» relève de l’idéologie. En quoi?
Les «transitions» modifient le quotidien des personnes concernées mais aussi le comportement des autres qui sont sommées d’adopter un nouveau langage et de se montrer bienveillantes. Mais la bienveillance, ce n’est pas de conforter les gens dans leur vision altérée de la réalité. Ce n’est pas de leur dire comme le fit le planning familial en 2022 que «un homme aussi peut être enceinte!» Le changement de sexe n’est pas une revendication inclusive venant du peuple. C’est un courant, touchant au droit des enfants et à des questions bioéthiques et civilisationnelles centrales.

Que vous inspire la victoire à l’Eurovision de Nemo, chanteur se revendiquant «non binaire» ou la remise du prix d’interprétation féminine de Cannes à un acteur transsexuel? 
C’est du soft power efficace sur beaucoup de points et contreproductif sur beaucoup d’autres. L’idée est de normaliser et de présenter le changement de sexe comme une super expérience à ne pas rater ou à saluer…

Vous estimez aussi que le «transgenrisme» relève de l’emprise sectaire...
La pédopsychiatre Caroline Eliacheff et la psychanalyste Céline Masson le montrent dans leur livre «La fabrique de l’enfant-transgenre». Les personnes concernées subissent souvent un embrigadement par internet. Et puis, tout débat semble interdit sur ces questions. Pour nombre d’activistes transgenristes, critiquer c’est haïr.

Ce sont très majoritairement des jeunes femmes et des adolescentes qui envisagent de changer de sexe. Pourquoi?
En bonne partie par un mécanisme de contagion sociale inconsciente que renforcent les réseaux sociaux ou l’école. La chose a été démontrée par le docteur Lisa Littman. Les femmes y sont malheureusement plus sensibles. Ainsi, il y a parfois des clusters de dix filles concernées par classe. Mais le phénomène touche rarement des individus isolés.

Vous parlez d’une surreprésentation de comorbidité psychiatrique chez les personnes désirant «transitionner»…
Beaucoup ont des traits autistiques, sont borderlines, anxieuses ou souffrent de syndrome post traumatique. Il n’est pas rare qu’une femme ayant subi des violences sexuelles croit trouver un refuge dans le transgenrisme. On n’en parle guère car célébrer une autodétermination courageuse est plus valorisant.

Votre ouvrage est sous-titré «Enquête sur les pires dérives de l’idéologie transgenre». Quelles sont-elles?
Il y a l’administration criminelle de bloqueurs de puberté dommageable pour la santé des enfants se questionnant sur leur «genre». C’est d’autant plus choquant que le docteur Kenneth Zucker explique que chez 88% des enfants suivis, le trouble  de dysphorie de genre disparait à l’âge adulte. Il y a aussi le cas de certains lobbies transgenristes qui se battent pour que les enfants puissent «transitionner» en se passant de l’aval de leurs parents!

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