«Notre rôle: aider et accélérer 
la croissance des entreprises»

Genève

Jubilé • 2800 membres, dont la typologie est le reflet parfait de l’écosystème économique local: la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Genève (CCIG) a 160 ans. Véritable ambassadeur de la promotion économique intra et extra muros, l’association indépendante porte haut la voix des entrepreneurs afin que la Cité de Calvin demeure une place forte. Rencontre avec le directeur général de la CCIG, Vincent Subilia, également président de la Chambre de commerce et d’industrie suisse.

GHI: Quels sont les domaines d’activité représentés au sein de votre organisme? 
Vincent Subilia: A l’image de notre tissu économique environ 80% des sociétés sont actives dans les services (horlogers, assurances, banques, immobilier, conseils), 15% sont des industries (arts et métiers, génie civil, bâtiments) et nous comptons également parmi nos membres de très grands groupes internationaux, des commerces naturellement et des agriculteurs.

Quelle est la mission que vous vous êtes assignée? 
Nous sommes partout là où se discute et se définit la politique régissant le secteur économique. Et puis, nous avons un rôle de prestataire de services: à la fois accélérateur de croissance, facilitateur pour l’extension ou l’installation d’entreprises et prescripteur. Au carrefour entre le local et l’international, la CCIG a une place de choix au sein des  20’000 Chambres suisses et étrangères. Nos 30 collaborateurs sont animés par l’esprit des start-ups. 

La CCIG est indépendante, quelles sont ses ressources financières? 
Nos prestations sont facturées aux entreprises, nous percevons une cotisation annuelle de nos membres (en moyenne 375 francs) et nous disposons d’une cinquantaine d’entreprises partenaires, auxquelles nous réservons une visibilité et des événements spécifiques. En termes de manifestations, la Chambre en a organisé un nombre record de 150 – de tout type et de tous formats – en cette année anniversaire. A titre d’exemple, en 24 heures ce mois, nous avons accueilli le conseiller fédéral Martin Pfister pour évoquer le service citoyen, la conseillère d’Etat Carole-Anne Kast et la commandante de la police, Monica Bonfanti pour débattre de la sécurité avec les entreprises et le même soir, la première ministre de la République démocratique du Congo, accompagnée des ministres de la Justice et des Mines pour initier un processus de certification des minerais rares.

Vous vous êtes récemment mobilisés en faveur de la mobilité professionnelle. Quelles sont vos propositions? 
Il faut préciser d’emblée que la prospérité du canton relève de quatre critères essentiels: la fiscalité, l’aménagement, l’énergie et la mobilité. Sur ce dernier point, les clignotants ne sont guère au vert. Les chantiers congestionnent le trafic et ralentissent les déplacements. Ceci pèse lourd en espèces sonnantes et trébuchantes sur les entreprises. Nous saluons l’action du conseiller d’Etat, Pierre Maudet chargé de la Santé et des Mobilités concernant la coordination des travaux dans notre canton.

Dans la dernière enquête conjoncturelle que vous avez publiée fin novembre, vous annoncez que si les entreprises genevoises résistent, la confiance, elle, s’érode. Pouvez-vous préciser ce constat? 
La période où la Suisse était un lieu privilégié pour les entreprises est révolue. Alors, Genève doit plus que jamais soigner son attractivité, laquelle passe évidemment par la fiscalité. Il faut savoir que Dubaï et Singapour font de nombreux appels du pied aux entrepreneurs. Mais j’ajoute aussitôt que notre canton et la Suisse plus globalement offrent la confiance, le Swiss Made qui repose sur l’art de la chose bien faite, autant d’atouts que nous devons préserver et renforcer pour demeurer compétitifs dans une économie mondiale très concurrentielle.

Combien d’entreprises ont quitté le canton et combien se sont installées? 
La multinationale SGS a certes déplacé son siège à Zoug mais conserve 50 employés sur notre sol. Dans le même temps, plusieurs sociétés actives dans le négoce des matières premières ont choisi Genève. Il faut savoir à cet égard que ce commerce constitue 40% de nos recettes fiscales. Et puis, nous avons également vu l’arrivée d’entreprises opérant dans des domaines innovants comme la biotech.

Comment vos membres appréhendent-ils les nouveaux droits de douane de l’administration Trump? 
Genève est le 2e canton qui exporte vers les Etats-Unis. Autant dire que les 39% initiaux étaient parfaitement injustifiables. Ce d’autant que la Suisse est le premier créateur étranger d’emplois à forte valeur ajoutée outre Atlantique et le 6e investisseur. 15% de droits de douane restent difficiles à absorber quand on y ajoute le paramètre du franc fort. Pour ma part, je salue les grandes entreprises, quasiment exclusivement genevoises, qui sont allées négocier directement dans le bureau ovale. Je leur en suis reconnaissant.

La Genève internationale reste fragile en raison des coupes claires du gouvernement américain. Or, sa présence est un atout économique. En fait-on assez pour la maintenir sur notre territoire? 
Elle est absolument essentielle. Cet «esprit de Genève»
–  berceau et bastion du multilatéralisme – constitue notre ADN. Elle est aujourd’hui à risque, il importe de se battre avec détermination et célérité. Ainsi le Canton a créé conjointement avec la Fondation Wilsdorf, qu’il faut remercier, la Fondation pour l’adaptation de la Genève internationale dotée de 50 millions. La Confédération a élaboré un train de mesures devisé à 750 millions sur cinq ans. N’oublions pas que les 43 organisations, 750 ONG et 180 missions diplomatiques génèrent 3,4 milliards de retombées économiques. Le Centre d'Accueil de la Genève internationale – mis en place par Berne et le Canton – et auquel, nous sommes associés, effectue un travail précieux auprès de ces différents organismes.

Quels sont les principaux faits d’armes de la CCIG? 
La Chambre est étroitement liée aux grandes étapes qui ont façonné l’histoire économique genevoise. Création des Ports Francs, de l’Ecole de commerce, Ceva (tunnel ayant précédé l’émergence du Léman express), pour n’en citer que quelques-uns. Elle est à l’origine du Centre d’arbitrage pour la résolution de litiges commerciaux, de l’élaboration de documents d’exportations comme le carnet ATA, de la récente Fondation Carbone en matière de durabilité, d’Aeria+ (domaine aérien). De même qu’avec les pouvoirs publics et nos voisins vaudois, nous avons fondé Genilem qui favorise l’accompagnement de nouvelles entreprises. 

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