Enseignement • Les formations d’aujourd’hui seront-elles utiles demain? Les autorités scolaires se font rassurantes.
Au moment où la Cité des métiers va débuter à Palexpo se pose la question de l’orientation adéquate des adolescents genevois. Sont-ils bien guidés par les instances compétentes, plus de trois ans après l’échec de la réforme CO22? Quelques éléments de réponse.
Pour des milliers de jeunes, le moment est venu de déterminer leur voie professionnelle. La Cité des Métiers - Expo 2025 revient en cette fin novembre pour rendre l’exercice plus visuel et ludique, parmi 400 métiers représentés et 200 stands. Le choix de la filière à emprunter est crucial: les intellectuels privilégieront sans doute le Collège, les manuels l’apprentissage, les pragmatiques l’école de commerce, les plus indécis la culture générale. Mais le contexte socio-économique a rarement été aussi déstabilisant. Heureusement, Genève compte un certain nombre de structures qui les aident dans cette difficile quête. En première ligne: l’Office de formation professionnelle et continue (OFPC), sans oublier d’innombrables événements ou services à leur disposition.
Réforme avortée pas si grave
Concentrons-nous sur les 15’000 élèves âgés de 12 à 15 ans, répartis dans les 19 cycles d’Orientation (CO). En 2019, une étude du service de la recherche en éducation (SRED) concluait dans les grandes lignes que la mission n’était pas remplie à satisfaction, faisant apparaître plusieurs lacunes. Le Conseil d’Etat avait alors cherché à réformer le système au travers du projet CO22. Mais le 15 mai 2022, les citoyens genevois le rejetaient à 50,83%. Une très courte majorité qui a contraint les élèves à suivre encore le modèle datant de 2011.
«L’ensemble des élèves du CO est accompagné dans sa démarche de choix de formation», explique le Département de l’instruction publique (DIP). «Dès la 9e, le dispositif d’Information et d’orientation scolaires et professionnelles (IOSP), qui implique les milieux professionnels, leur permet d’explorer leurs intérêts et de découvrir les horizons possibles .»
Des évolutions
«Il y a encore eu des évolutions positives», estime pour sa part la députée PLR Francine de Planta, présidente de la Commission de l’enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport. Par exemple avec des stages en entreprise devenus obligatoires ou des villages métiers organisés dans les cycles. Le DIP nous a présenté récemment les contours de la réforme à venir, sur lesquels la Commission de l’enseignement se réjouit de travailler.»
Métiers en voie de disparition
Les métiers vers lesquels on guide les pré-adolescents existeront-ils encore demain? En grande partie oui, démontrent plusieurs études internationales. En fait, à peine 10% des métiers sont voués à disparaître, car devenus obsolètes. La majorité des professions devront muter en profondeur, ne serait-ce que parce qu’un tiers d’entre elles seront automatisables d’ici 2035.
«A défaut de pouvoir former les élèves sur des métiers qui n'existent pas encore, explique le DIP, nous veillons à ce que les compétences de base soient acquises tout au long du cursus scolaire. Celles-ci comprennent l’évaluation de ses propres compétences, la capacité d’analyse et l’esprit critique. Elles constituent le socle qui permettra aux professionnelles et professionnels de demain de naviguer dans un environnement de travail en constante mutation, sous l'influence des innovations technologiques intelligentes.» Notons encore que l’avantage de l’apprentissage dual est de se faire en entreprise, en phase avec la réalité économique.
A l’école tout au long de sa vie
L’un des défis des hautes écoles est de faire évoluer leurs formations de base aussi vite que le marché, une mission difficile. Ce qui est désormais privilégié comme enseignement et dans les entreprises, «ce sont les compétences transverses et transférables», explique Alexandre Caboussat, responsable de la formation continue à la HEG-Genève. En clair, on apprend un savoir-faire applicable à plusieurs situations. «Il y a aussi un retour aux fondements de la connaissance, poursuit le professeur HES. Les jeunes adultes se sentent investis d’une responsabilité: celle de maintenir leur employabilité. Depuis quelques années, la formation continue rencontre un succès grandissant, à l’instar du Certificate of Advanced Studies (CAS) en intelligence artificielle (IA) au service de la transformation digitale. L’essor de l’IA implique un apprentissage aigu de l’esprit critique. Il faudra apprendre à vivre avec l’IA générative plutôt que la considérer comme une menace», conclut Alexandre Caboussat.
Hasard du calendrier, lors d’une conférence publique le 4 novembre dernier, la conseillère d’Etat Anne Hiltpold évoquait l’apport de l’IA auprès des élèves et des enseignants. Selon la magistrate chargée du DIP, «le but n’est plus de mémoriser, mais de savoir quel jugement on va développer», s’appuyant sur la phrase de Montaigne «mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine».