Palexpo: les demandeurs d’asile assaillis par des punaises de lit

Rédigé par
Adélita Genoud
Société

HÉBERGEMENT • L’Hospice général multiplie 
les désinfections à la Halle de Palexpo où sont recueillis des réfugiés ukrainiens. En vain.

«Nous sommes Ukrainiens et nous avons demandé l’asile en Suisse. Mon mari et moi sommes logés dans une halle de Palexpo. Mais les conditions d’hébergement sont horribles», explique cette femme qui a dû fuir la guerre. La literie, dit-elle, est infestée de punaises. Elle a subi plusieurs morsures. Avisés, des collaborateurs de l’Hospice général ont bel et bien procédé à un nettoyage des lieux. Mais en vain. Les parasites ont réapparu. Et ce n’est pas tout. «Nos lits sont tachés de déjections d'oiseaux et des plumes se répandent sur les couvertures et le sol», rapporte notre interlocutrice. Elle a essayé de prendre son mal en patience, pensant que cet hébergement était provisoire. Mais cela fait trois mois que, ce qui devait être un accueil temporaire, dure. Ses jambes et ses bras attestent des morsures, d’autant qu’elle a développé une allergie.
Enfants victimes
La jeune femme confie qu’elle n’est pas la seule à subir l’assaut des parasites. Des enfants, qui résident dans les chambres voisines, ont les pieds et les mains recouverts de plaies.
Alors? Sollicité, l’Hospice général assure être conscient que les conditions de vie au sein de la halle 7 de Palexpo «ne sont pas idéales», mais ce centre d’hébergement est temporaire, le temps de trouver des solutions pérennes. 
Comme le relève le porte-parole de l’institution, Bernard Manguin: «Les lieux d’accueil se sont énormément accrus depuis 2022 et nous ouvrons régulièrement de nouveaux hébergements collectifs avec tout ce que cela comporte d’efforts et de moyens en termes de recherche, de transformation et d’aménagement: sans oublier l’organisation, l’engagement et la formation de personnel. Mais le rythme des arrivées demeure toujours très soutenu». Impossible dès lors de fermer purement et simplement Palexpo.
Combattre les punaises
Soit. Mais venir à bout des punaises est-il mission impossible? L’Hospice général affirme qu’il se bat depuis leur apparition en octobre 2022. «De nombreux moyens ont été déployés pour les éliminer. Dès que la présence de ces insectes est signalée dans une chambre, nous traitons systématiquement toutes les affaires des occupants ainsi que la literie et les meubles. Les personnes ayant été piquées sont dirigées vers les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).» Les punaises de lit sont ainsi «combattues par le froid avec un congélateur réglé à -25 degrés et par le chaud avec deux tentes de chauffe. Les objets et meubles sont placés dans ces sas durant de longues heures. Le système fonctionne tous les jours de 7 h du matin à 22 h. A cela s’ajoute l’intervention régulière d’une entreprise de désinfection pour traiter les sols.
Pourquoi cette multiplication de moyens reste-t-elle sans effets durables? «Le problème vient du nombre élevé de personnes logées – plus de 400 aujourd’hui et jusqu’à plus de 600 il y a quelques semaines – et surtout des flux d’arrivée de personnes car Palexpo est la porte d’entrée du dispositif d’asile à Genève. Nous avons bien sûr pensé à désinfecter les affaires de tous les primo arrivants, mais cela est impossible car des personnes sont accueillies à toute heure du jour et de la nuit», détaille encore le porte-parole de l’institution. 
Halle sans plafond
Et puis, il faut savoir que pour des raisons de sécurité liée aux risques d’incendie, les chambres ne sont dotées ni de plafond ni de portes, ce qui favorise la propagation des insectes.
Quant à la présence d’oiseaux sur le site, Bernard Manguin déclare encore: «Au vu des dimensions de la halle (plus de 13’000m² et 7 mètres de hauteur), les déloger est infaisable. Et puis, l’espèce est protégée donc nous ne pouvons les éliminer. Nous avons toutefois protégé les lieux de distribution de nourriture et nous avons condamné les lits au-dessus desquels nichent les moineaux.»

 

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