PORTRAIT • La présidente de la Fédération cynégétique genevoise, Anne Munzinger consacre une grande partie de son temps à sa passion: la chasse.
Si le canton interdit la chasse depuis 1974, il n’en compte pas moins une Fédération cynégétique genevoise (FCG). Sa mission? Accompagner et représenter ses adhérents d’une part et d’autre part défendre et promouvoir la chasse. A la tête de la FCG depuis six ans, Anne Munzinger porte un regard de femme sur une activité d’hommes.
GHI: D’où vous est venu cet amour pour le tir au gibier?
Anne Munzinger: En tant que mère de famille, je voulais transmettre à mes enfants l’importance de savoir d’où vient ce que l’on mange et de donner du sens à ce qu’il y a dans notre assiette. Je leur apprends à reconnaître et découper les morceaux, on réfléchit ensemble à ce qu’on va faire des parties les moins nobles. Ils se rendent aussi compte de la valeur de cette viande qui n’apporte pas seulement des protéines mais nourrit aussi l’esprit. On se questionne sur notre rapport à la mort et le respect de l’animal. Peut-être avons-nous moins besoin de manger de viande puisque celle-ci est plus «nourrissante». Finalement, ils comprennent qu’il est tout aussi naturel d’aller chercher la viande en forêt, que les légumes au potager.
Comment vous êtes-vous lancée dans la chasse?
J’ai préféré attendre que mes enfants soient suffisamment grands, qu’ils commencent l’école primaire avant de pratiquer la chasse car je pressentais que cela deviendrait une passion. J’ai obtenu mon permis dans le canton de Vaud il y a 25 ans et j’y consacre une grande partie de mon temps. L’appel de la forêt, je l’ai eu très jeune, quand mes grands-parents m’emmenaient aux champignons.
Est-ce qu’il y a d’autres femmes dans vos groupes de chasse?
Oui, une jeune femme pratique régulièrement la chasse avec moi dans le canton de Vaud. Mais nous formons des groupes avant tout par affinités. Par exemple, pour la chasse au sanglier qui se pratique avec les chiens, nous sommes sept équipiers partageant la même éthique et nous avons en commun l’envie de travailler avec nos chiens avant tout. Ce qui est chouette!
Y a-t-il une manière différente de chasser pour une femme?
Notre sensibilité féminine nous amène à moins chercher la performance ou le plus gros animal pour avoir le plus beau trophée. Quelque part, nous sommes plus raisonnées car nous pensons d’abord à la qualité de la viande qui sera dans notre assiette.
Comment se déroule votre présidence à la FCG?
C’est un mandat qui peut être prenant par moments, mais je reçois beaucoup de soutien de la part de nos membres. Je me suis, entre autres, attelée à la mise sur pied d’un service de sauvetage des faons durant la période de fenaison. Développer ces projets demande beaucoup d’investissement en plus alors que je travaille en plus d’être mère de famille. Je suis donc ravie de passer le flambeau lors des prochaines élections.
Aimeriez-vous avoir plus de femmes au sein de la fédération?
Bien sûr! Que les chasseresses viennent partager leur expérience et leurs idées nouvelles avec nous! Et si elles hésitent à se lancer, nous les guiderons et les aiderons à apprendre à tirer, à être en confiance ou encore à passer le permis vaudois ou valaisan